Vietnam et taxes douanières : Pourquoi ce pays reste un pôle d’approvisionnement important

La mise à jour des tarifs douaniers américains en 2025 a remodelé le paysage commercial pour les exportateurs asiatiques. Tout comme ses voisins de l’ASEAN, le Vietnam est désormais confronté à des mesures tarifaires réciproques, qui prennent place dans la nouvelle stratégie commerciale des États-Unis. 

À première vue, ces droits de douane plus élevés pourraient sembler affaiblir sa compétitivité, mais une analyse approfondie montre que les exportations vietnamiennes restent solides.  

Comparée aux autres économies de l’ASEAN, le Vietnam continue de se distinguer comme une zone manufacturière d’approvisionnement de long terme pour les acheteurs internationaux.

Comparaison des tarifs américains à travers l’ASEAN

Les nouvelles taxes varient de manière significative à travers l’ASEAN. Le Vietnam est soumis à un tarif moyen de 20%, ce qui le place dans la moyenne régionale. Ce taux est supérieur à celui connu par Singapour (10%) mais inférieur à celui du Laos et du Myanmar, où les taux grimpent à plus de 40%. La Thaïlande et la Malaisie se situent à des niveaux proches du Vietnam, autour de 19%.

Cette position intermédiaire génère à la fois des défis et des opportunités. D’un côté, le Vietnam doit s’adapter pour assurer que ses produits restent à un prix compétitif. De l’autre, il tire des avantages à ne pas être dans les extrêmes : il n’est pas pénalisé aussi lourdement que les membres de l’ASEAN moins développés, ni n’est confronté aux coûts élevés comme Singapour. Pour des décisions de sous-traitance de sa chaîne d’approvisionnement, cet équilibre rend le Vietnam attractif pour les acheteurs recherchant à la fois l’efficacité des coûts et une capacité fiable.

Dans cette vidéo, vous trouverez une analyse des dernières mises à jour des tarifs américains, de leur impact sur les exportateurs vietnamiens et de l’ASEAN, ainsi que des stratégies que les entreprises peuvent adopter pour rester compétitives dans un environnement commercial mondial en constante évolution.

Les secteurs clés de l’approvisionnement au Vietnam

Malgré les pressions tarifaires, les exportations vietnamiennes s’appuient sur des industries solides qui se sont fortement développées au cours des vingt dernières années :

  • Textile et vêtements : Le Vietnam reste l’un des principaux exportateurs de vêtements à l’international. Ses coûts de main-d’œuvre compétitifs et ses standards de conformité élevés en font une destination privilégiée pour les acheteurs américains et européens.
  • Bois et mobilier : En tant que leader dans l’exportation de meubles en bois vers les États-Unis, le Vietnam dispose d’une chaîne d’approvisionnement compétitive, bien structurée et certifiée sur le plan environnemental, qui en font un centre manufacturier très attractif.  
  • Électronique : Avec la présence d’acteurs majeurs tels que Samsung, Foxconn et Intel qui travaillent localement, le Vietnam s’est imposé comme une zone manufacturière incontournable dans la production électronique à l’étranger.
  • Chaussures et biens de consommation : De plus en plus de grandes marques y transfèrent leurs commandes afin de diversifier leurs sources d’approvisionnements hors de la Chine, tout en tirant parti de la base industrielle fiable du Vietnam.

Ces secteurs sont soutenus par une main-d’œuvre qualifiée et un vaste réseau de fournisseurs capable de gérer les productions à grande échelle, en OEM (Original Equipment Manufacturer) et en ODM (Original Design Manufacturer).

Si les tarifs douaniers peuvent accroître les coûts, la capacité du Vietnam à produire en volume tout en maintenant la qualité, en fait une destination compétitive et fiable pour l’externalisation de sa production.

Comment les IDE renforcent la compétitivité du Vietnam en matière d’approvisionnement

L’un des principaux atouts du Vietnam réside dans sa solide base d’investissements directs étrangers (IDE). Des entreprises sud-coréennes, japonaises et taïwanaises y ont investi des milliards de dollars, installant des usines tournées vers l’exportation dans les zones industrielles clés. Par exemple, Foxconn a étendu sa production dans les provinces du Nord.

Cet écosystème nourri par les IDE assure que les capacités de production du Vietnam ne se limitent pas à des biens de consommation de basse qualité, mais s’étendent à la fabrication de semi-conducteurs haut de gamme et à l’électronique grand public. Avec des grandes marques qui sont déjà profondément investies, une relocalisation massive de la production à cause des droits de douane devient peu probable. Au contraire, beaucoup renforcent leurs opérations au Vietnam dans le cadre de la stratégie « Chine+1 ».

L’avantage de la sous-traitance au Vietnam :  Infrastructures et logistique

L’infrastructure reste un facteur clé dans l’évaluation des destinations d’approvisionnement. Le Vietnam a massivement investi dans de nouvelles autoroutes, l’extension des ports et des zones logistiques modernes. Des ports comme Hai Phong Port, Da Nang, Quy Nhon, Cat Lai et Cai Mep–Thi Vai sont désormais en capacité d’accueillir des navires en eau profonde, réduisant la dépendance aux plateformes de transbordement de Singapour ou de Hong Kong.

Ces améliorations continues donnent au Vietnam un avantage sur ses voisins, comme le Laos ou le Myanmar, où les infrastructures insuffisantes augmentent les coûts d’exportation. Bien que la Thaïlande et la Malaisie disposent d’infrastructures globalement plus solides, le Vietnam comble rapidement son retard. Pour les acheteurs, cela se traduit par des délais de livraison plus fiables et un meilleur contrôle des coûts lors de l’approvisionnement.

Les opportunités d’externalisation à l’échelle de l’ASEAN : au-delà des tarifs douaniers

La montée des politiques tarifaires réciproques met en évidence l’importance des alliances commerciales régionales. Le Vietnam est particulièrement bien positionné puisqu’il participe à plusieurs accords de libre-échange :

  • EVFTA (Accord de libre-échange UE-Vietnam) qui réduit les droits de douanes vers l’Union européenne.
  • RCEP (Partenariat économique régional global) qui renforce le rôle du Vietnam dans les chaînes d’approvisionnement asiatiques, en lien avec le Japon, la Corée et la Chine.
  • CPTPP (Accord de partenariat transpacifique global et progressiste) qui ouvre l’accès à plusieurs marchés, comme le Canada, l’Australie et le Mexique.

En tirant parti de ces accords, les exportateurs vietnamiens peuvent compenser une partie de la pression tarifaire américaine par une diversification de leurs marchés. L’ASEAN elle-même offre des complémentarités : tandis que Singapour excelle dans la finance, la Malaisie dans l’électronique et la Thaïlande dans l’automobile, le Vietnam réunit compétitivité des coûts, capacité de production et réseaux commerciaux favorables.

Vietnam vs Chine : Comparaison des stratégies d’externalisation

Bien que la Chine fasse face à des droits de douane de 30% dans le cadre du système américain, elle reste le plus grand exportateur mondial. Pourtant, de nombreuses entreprises hésitent à concentrer toute leur production en Chine en raison des risques géopolitiques et de l’exposition tarifaire.

Le Vietnam bénéficie quant à lui de la stratégie « Chine+1 », consistant pour les producteurs à garder une base en Chine tout en élargissant la production au Vietnam pour répartir les risques. Même avec un tarif douanier de 20%, le Vietnam offre un coût global livré plus bas, si on considère le coût de sa main-d’œuvre, sa conformité et son efficacité logistique. Pour les acheteurs américains, diversifier la chaîne d’approvisionnement vers le Vietnam est souvent moins coûteux et moins risqué que de rester exclusivement en Chine.

Perspectives d’approvisionnement à long terme : le rôle central du Vietnam au sein de l’ASEAN

L’évolution des tarifs douaniers américains en 2025 ne marque pas la fin de la croissance des exportations vietnamiennes. Au contraire, c’est plutôt le début d’une stratégie de diversification qui renforce la place du Vietnam au sein de l’ASEAN tout en montant en gamme.

La résilience du Vietnam repose sur une combinaison de facteurs : des tarifs douaniers intermédiaires qui préservent sa compétitivité, des industries fortes dans les domaines du textile, du mobilier et de l’électronique, une capacité soutenue par les IDE, ​​et une infrastructure en amélioration rapide. Associés aux accords commerciaux régionaux et aux stratégies globales de diversification, ces éléments permettent au Vietnam de sécuriser son rôle en tant que centre majeur d’approvisionnement sur le long terme.

Conclusion

Les mesures tarifaires redessinent le commerce mondial, mais elles n’effacent pas les avantages du Vietnam. Malgré les coûts additionnels liés aux mesures réciproques, les exportations vietnamiennes continuent de prospérer grâce à ses pôles industriels, aux engagements d’IDE et aux progrès logistiques. Pour les entreprises qui souhaitent sous-traiter leur chaîne d’approvisionnement au Vietnam, les perspectives à long terme demeurent positives.

Comparé à ses voisins de l’ASEAN, le Vietnam se distingue par son équilibre optimal entre coûts, capacité et connectivité. Même si les tarifs américains de 2025 remodèlent les flux commerciaux, le Vietnam reste au cœur de l’écosystème manufacturier de l’ASEAN, offrant aux acheteurs internationaux une destination d’approvisionnement fiable et compétitive.